michèle savinel

socles & sujets

Ce qu'il y a dans les sculptures de Michèle Savinel, c'est le socle.

 

Mais la sculpture, me direz-vous?

 

Tout doux. Les socles d'abord. Car ils pèsent leur poids et tiennent leur place. Ils disent d'où  vient  l'artiste, et ce qu'elle quitte: la glèbe familiale, la mémoire des terreurs anciennes, la façon qu'elle a de se vivre comme perdue d'avance.

 

Ce sont de lourds objets, archaïques et abrupts, comme la réalité.

Au dessus de l'objet est le sujet. Ce sont des enfants, des parents, des amis absents, l'homme de sa vie, le passant  dans sa rue.

 

Des sujets familiers mais vus avec un tel œil, une telle exigence, qu'on les surprend dans leur étrangeté  profonde. Pensifs, souvent. Seuls toujours. Montrant le ciel du doigt, car le ciel est coupable. Ou bien cabriolant au bord du gouffre, avec élégance. Comme vous et moi.

 

Les sculptures de Michèle Savinel se hissent, et le temps s'immobilise.

En regardant ces êtres miraculeusement émergés, on s'immobilise aussi. Dans le miroir de terre, ce reflet ébarbé, sculpté par la lumière, c'est vous.

 

Philippe Cousin.

copyright  michèle savinel / france